Déménagement et petit problème technique... [Jack - Terminé]

Déménagement et petit problème technique



Jack Rider - Bérénice Baline

C'était le grand jour, le nouveau départ, Bérénice avait tout prévu depuis des jours. Elle devait prendre le train jusqu'à New-York tandis qu'un camion de déménagement devait s'occuper du transport de toutes ses affaires. Elle aurait déménagé il y a de cela trois ans et demi, ça aurait été un véritable foutoir, elle avait accumulé tellement de choses, tellement de souvenirs... Mais là, elle avait décidé de faire table rase, elle s'était débarrassée de grand nombre de choses et en particulier de tout ce qui était douloureux. La seule trace restante de son ancien fiancé et du bébé étaient des photos. Elle ferma les yeux un instant en repensant à la joie vécue aux premières échographies. Non tout cela n'était plus pour elle, désormais. Elle avait déjà donné. La voie dont tout le monde et al morale disaient que c'était la voix du bonheur, et bien, ça marchait pas. Elle n'avait rien fait de mal, tué personne, jamais volé mais il avait fallu que ce soit elle qui paye, elle sur qui tombât un malheur. Finalement, elle se mit à somnoler contre la vitre, ne sombrant pas dans un sommeil profond : toute manière le trajet entre les deux villes, Boston et la Big Apple n'étaient pas si longs que ça...

La voix off du contrôleur la tira de ce demi-sommeil dans un sursaut. Elle regarda dehors et vit au loin la gare. Ils étaient quasiment arrivés. Elle rangea le livre qu'elle avait essayé de lire en début de voyage et remit son mp3 dans ses oreilles. Lunettes de soleil sur le nez et petite casquette, elle s'apprêta à sortir du train. Elle espérait pouvoir se fondre dans la foule sans qu'aucun fan d'Harry Potter ne croise sa route – c'était surtout pour son rôle de Luna qu'il lui arrivait d'être reconnue dans la rue et qu'on lui saute dessus... Elle prit un taxi et donna l'adresse de l'appartement qu'elle avait acheté et où l'attendaient cartons et bagages. Une demi heure après elle y était. Elle entra et alla voir le concierge pour récupérer ses clefs. Qu'elle ne fut pas sa surprise en voyant toutes ses affaires dans le bureau de celui-ci. Les déménageurs avaient sans doute eu la flemme d'y monter... Mais ils étaient payés pour quoi ceux-là ? Intérieurement elle poussa un juron. En raison de l'âge du concierge elle ne lui demanda pas d'aide. Pour commencer, elle attrapa la poignée de sa valise et gagna l'étage, histoire de voir à quoi ressemblait son nouveau logement (elle ne l'avait vu qu'en photos.) Un sourire s'étala alors sur son visage en voyant le petite mention sur la porte de son voisin de palier. Elle croisa les doigts pour qu'il soit là : il allait pouvoir lui filer un petit coup de main avec la chance qu'elle avait.

Une fois le tour de l'appart' fait, qui était bien vide et triste pour l'instant, ce à quoi elle allait remédier, elle retira lunettes et chapeau ainsi que sa veste avant de traverser le couloir et de toquer à la porte. Elle ferma les yeux un très bref instant faisant le vœu qu'il soit là. Ce qu'elle ne savait pas c'est que son voisin était barman et vu l'heure qu'il était, il devait être réveillé, pas dit qu'il ait totalement émergé mais il devait plus être au lit. Ce s'rait déjà ça remarquez ! Elle frappa donc et se mit à se tortiller des mains, espérant une réponse positive, elle savait pas comment elle allait faire sinon : l'ascenseur était en panne !

Ouha putain ! Excusez Bérénice pour cette grossièreté, certainement pas apprise auprès de ses parents, mais voilà, lorsque la porte s'ouvrit, c'est la première chose qui lui vint à l'esprit... Non, sérieux, c'était vraiment lui son voisin ? C'était une blague hein ? Un beau gosse comme ça, ça ne pouvait pas vivre en face de chez vous. Ou alors c'était qu'il était marié. La main gauche de Jack fut donc la première chose que la demoiselle détailla du regard. Pas d'alliance, pas de bague de fiançaille, plutôt bon signe... Elle scruta en seconde étape le cou du beau brun et ne vit pas de collier genre moitié de coeur que les amoureux s'échangeaient dans un excès de miellerie. Oui, la demoiselle ne croyait plus vraiment au grand amour... Puis, lorqsue ces détails furent terminés d'analyser elle passa à la vue d'ensemble. Y avait pas à dire : il était canon. La chemise qu'il portait lui allait à merveille et elle aurait bien pu avoir envie de lui déboutonner... Et faut croire qu'il avait pu penser la même chose de son chemiser vu sa réaction. Ah oui ? Elle serait un cadeau et la chemise et le jean l'emballage ? S'il voyait les choses ainsi, c'était ok, qu'il lui retire l'emballage.

Mais la suite la ramena à la brutale réalité. Les cartons. L'entrée. Les escaliers à monter. Son sourire rêveur disparut. Flûte. Quoiqu'il devait être sexy en déménageur.... Elle ferma les yeux un court instant pour recadrer le cours de ses pensées. Ce n'était pas bientôt fini ça ? L'heure n'était pas au fantasme.

-Hey, je suis Bérénice Baline, votre nouvelle voisine. Vous avez cinq minutes ?

Façon de parler hein ? Parce que vu le fatras qui les attendait c'était plutôt en heure, le temps à compter qu'elle allait lui prendre. Et rien que de penser que ça aurait pu être pire... Béré ne savait pas si ça la soulageait ou si ça l'inquiétait sur elle-même.... Elle enfouit les mains dans les poches de son jean, prenant un air décontracté et pis fallait qu'elle chasse tout ça de ses pensées. Le passé, c'était le passé. Pas besoin de le ressasser sans cesse !

-Je viens tout juste d'arriver et les déménageurs ont tout laissé en bas.... Je connais personne en ville... J'aurais besoin d'un homme costaud pour m'aider.... Je risque de pas y arriver sinon...

Et elle n'exagérait même pas. Le concierge avait été clair. Tout devait disparaître de son bureau avant l'heure de fermeture où il partait. Après Dieu seul savait si elle pourrait espérer revoir ses affaires. Enfin bref, Béréncie n'essayait pas du tout de le flatter pour obtenir son aide. Juste que son examen rapide avait plutôt laissé deviner des formes au niveau de la musculature dont il n'avait pas à rougir le charmant jeune homme.

Un large sourire s'étala sur les lèvres de la jeune femme. Y avait qu'à voir le visage de son itnerlocuteur pour savoir que c'était bon, c'était gagné. Il allait l'aider malgré son emploi du temps de ministre comme il disait. L'imagination de Bérénice se mit en marche : que pouvait-il bien faire dans la vie pour être si occupé ?! Homme d'affaires ? Non, c'était bête à dire et puis bête comme raison, mais il n'avait pas le physique pour. De nouveau elle le dévisage. Définitivement pas ! Non, il lui fallait un métier sexy, où il pouvait être au sommet de sa virilité, de la force qu'il semblait avoir. Agent secret ! Oui déjà ça, c'était plus classe. Ou plus simplement flic. Ca c'était sexy aussi et plus facilement accessible. Enfin sexy.... Sauf si c'était lui le gars qui mettait les PVs sur les parkings... Là ce serait d'un coup beaucoup moins hot et sexy....

-Merci, c'est gentil.

Ils descendirent donc direction le bureau du concierge en empruntant la cage d'escaliers puisqu'ils n'avaient, hélas, pas le choix. Mais bon, si l'ascenseur avait marché, elle n'aurait pas eu droit à cette délicieuse rencontre si savoureuse pour son regard... De nouveau un sourire apparut, étirant ses lèvres avec grâce.

-Non bien sûr que non.

Bérénice n'était pas encore capable de dire s'ils étaient, oui ou non sur la même longueur d'onde mais en tout cas, quoiqu'il en soit, ça en prenait le chemin... Il faisait tout pour la mettre à l'aise : jusque là des petites touches d'humour pour pas qu'elle le prenne trop au sérieux. D'ailleurs, elle-même aurait pu être, comme d'autres acteurs ou actrices, imbus de leur personne et répliquer sèchement à Jack que non, ils n'avaient pas gardé les cochons ensemble et que c'était hors de question qu'ils se tutoient. Mais elle ne faisait pas partie de ces gens là. Au contraire elle supportait pas les gens qui prenaient la grosse tête. Alors oui ce n'était pas donné à tout le monde d'être connu dans des dizaines de pays, d'avoir des fans et tout ça.... Mais pour elle justement, le challenge c'était de savoir rester simple, que tout ça ne monte pas à la tête, de pouvoir rester à la hauteur des gens. Ah qu'est-ce qu'elle ne supportait pas les gens hautains et méprisants parce qu'ils avaient eu le rôle principal alors tout le monde les reconnaissait dans la rue.... C'est sûr que ça changeait une vie. Mais ça ne devait pas changer qui on était....

-Washington Répondit-elle finalement à sa question.

Ce n'était pas une question de manque de locacité, une réponse si courte. Juste que de parler de son chez elle, son ancienne maison lui ramenait tellement de souvenirs : le grand jardin et la pisicine, où elle jouait à cache-cache, aux indiens et aux cow boys avec ses frères, la cabane dans le grand arbre, l'immense salle de jeu où Antoine, le deuxième garçon avait un train électrique qui faisait tout le tour de la pièce, Anaël lui avait tous ses légos, elle-même avait sa maison de poupée géante.... Par contre elle ne se rappelait pas y avoir vu vraiment Gaëlle avec ses propres jouets. Peut-être parce que ce n'était plus de son âge déjà à l'époque... De temps en temps ils jouaient tous ensemble mais c'était plutôt aux legos d'Anaël qu'à la poupée !

-Mais j'ai passé beaucoup d'années en Grande-Bretagne pour les études puis le boulot...

Elle attrapa un premier carton et attaqua de remonter la chose jusqu'à l'étage, le troisième, elle n'aurait pas pu habiter au premier non ? Voir au rez de chaussée, elle avait cru apercevoir qu'il y avait un appartement au fond du couloir. Ou peut-être avait-elle rêvé ?! En tout cas, alors qu'elle montait les premières marches, elle renvoya l'ascenseur à Jack d'un "Et toi ?", enfin au sens figuré. Au sens propre malheureusement ça ne marchait pas...

La fin pouvait expliquer le début en en donnant les raisons. Car oui la demoiselle n'était pas dupe : barman ça ne gagnait pas des cents et des mille. Du coup peut-être aurait-il eu l'envie de voyager mais il était limité par les moyens financiers... C'était dommage. Elle avait eu de la chance de son côté : en effet elle avait eu tout ça grâce à sa naissance. Elle était tombée dans une famille qui avait les moyens, un père qui gagnait plus que bien sa vie. Alors bien sûr, elle aurait sans doute été heureuse dans une famille aux revenus plus modestes. L'argent ne faisait pas le bonheur, y avait qu'à voir les conflits qu'il y avait entre ses parents et Gaëlle par exemple qui n'avait pas choisi le prestige politique ou financier dans son orientation professionnelle. Oui définitivement, l'argent avait plus à créer des conflits. Après elle était heureuse d'avoir eu cette chance mais elle savait malgré tout relativiser. L'argent ne permettait pas de tout avoir. Elle serait prête à vider son compte en banque pour retrouver les deux êtres qu'elle aimait, alors même que l'un des deux n'était pas encore de ce monde. Mais ce n'était pas comme ça que ça marchait et désormais il fallait qu'elle tourne la page. Elle était bien là pour ça non ?!

Bérénice poussa la porte de l'épaule, vu que ses mains étaient occupées. Punaise, à chaque fois qu'elle entrait dans ce salon, elle ne pouvait pas s'empêcher de se dire que tant de vide c'était déprimant.... Mais elle allait vite y remédier et ce qu'y avait dans les cartons allait aider n'est-ce pas ? Mettre des photos, des tableaux, des petites babioles par ci par là. Une grimace apparut sur son visage en songeant aux meubles. Car oui, y avait rien d'installer, l'appart était nu de chez nu. Géant hein ? Pour les meubles genre petites étagères et tout ça ce ne serait pas trop difficile. Ce serait pour les monter que ça allait être plus rigolo : elle aurait la casquette bricoleuse à enfiler. Elle aimerait bien tiens, qu'il soit là aussi, ça pourrait promettre de sacrés fous rires et c'était toujours plus sympa que de le faire seule. Mais est-ce qu'elle ne lui en demandait pas trop ? Mais il avait l'air pourtant d'apprécier sa présence, il le montrait même sans retenue. Alors pourquoi pas ?

-Buffalo ? Je connais pas... De nom si, peut-être...

Ce n'était pas qu'elle se la jouait péteuse, du style méprisante par rapport à son petit patelin qui à côté de la Big Apple ne devait sans doute être rien en importance. Mais bon, on était pas en Suisse là ! Vous avez vu la taille de l'état ? Même si c'était une ville plutôt conséquente, il était tout à fait compréhensible qu'elle ne puisse pas connaître. D'autant plus que durant sa scolarité en Grande Bretagne elle n'avait pas spécialement étudier dans le détail la géographie des villes des States. Alala, toujours cette bonne vieille rivalité US/UK ! Mais fallait reconnaître que les british étaient plus "civilisés" que les Américains. Y avait qu'à voir les sports nationaux pour voir la différence. Le carton posé dans un coin elle s'étira et se dirigea vers la sortie de l'appartement en s'étirant. Ca allait être véritable sport passé en compagnie du barman tout ça, elle sentait déjà les courbatures venir... Elle s'étira : franchement, elle aurait préféré un autre genre de courbatures, dûes à une autre activité sportive avec le beau brun. Bon y avait pas encore de lit dans l'appart' mais était-ce réellement un besoin ?

Un sourire s'esquissa. Elle s'était retournée juste à temps pour voir son clin d'oeil. Définitvement, ils étaient sur la même longueur d'onde et ça lui allait très bien. D'autant plus qu'elle ne connaissait pas spécialement les bonnes adresses de la ville, donc pouruqoi ne pas essayer le Cozzy's. Bon, par contre ça faisait une cliente au moins susceptible d'aller au Lunatic. Tant pis pour Sean, ça avait qu'à être à côté de chez lui qu'elle s'installait...

-Oh ce serait avec plaisir Jack. En plus je ne connais pas encore vraiment la ville alors un guide jusqu'à la bonne adresse de la ville ne serait pas de refus.

Et juste avant de disparaître dans la cage d'escaliers, elle lui retourna le clin d'oeil. Son sourire ne la quittait plus même si elle ne pouvait s'empêcher de penser au canapé, à la machine à laver, à la gazinière et au lave vaisselle qui les attendaient en bas... Ils devraient têtre commencer par ça maintenant qu'ils s'étaient échauffés avec deux trois cartons. Fin bref, ils verraient une fois dans la pièce du concierge ce qui les motiverait en premier. En attendant elle essayait de réfléchir à ce qui pouvait être la meilleure façon de dire ce qu'elle faisait comme métier : elle avait pas envie que d'un coup ça la rendre inaccessible et qu'une petite aventure, répétée si possible, avec le barman ne soit plus envisageable.

-Je donne des cours particuliers... Enfin quand je n'ai pas trouvé un petit film croustillant dans lequel tourner.

Voilà, dit comme ça, ça montrait que ce n'était pas toute sa vie, qu'elle ne vivait pas que pour le cinéma, les récompenses , la célébrité et l'argent qui en découlait. Surtout que c'était loin d'être ça pour elle. C'était juste une passion. Si ce n'était pas le cas, il ne lui serait jamais arrivé de refuser un rôle. D'ailleurs, une série dans laquelle elle rêverait de jouer : Doctor Who, la série de son enfance. Mais bon elle avait déjà eu la chance de prendre part à l'aventure Harry Potter. Peut-être ne fallait-il pas trop en demander non plus ?!

-Je propose qu'on prenne le canapé maintenant.

Elle était finalement arrivé au rez de chaussée et voilà qu'il était temps de se décider, et vite, s'ils ne voulaient pas passer dix ans à monter les meubles. Discuter autour d'un café par la suite serait quand même plus intéressant.

Elle se retourna vers lui et lui répondit d'un large sourire, signe que ça lui allait très bien comme ça cette proposition de sortie. Non pas qu'elle soit radine, elle aurait très bien pu payer sa consommation mais si monsieur voulait faire le galant homme et lui offrir sa conso, elle n'allait pas l'en empêcher hein ?! Ce serait criminel ça !!! Elle enfonça les mains dans ses poches tout en l'écoutant. Elle fut étonnée qu'il ne réagisse pas au mot "actrice." En général les gens lui demandaient du coup direct "Dans quel film avez-vous joué ?" "C'est quoi votre nom déjà ?!" Etc etc. Et puis s'en suivait des demandes d'autographe, quand ils réalisaient que c'était elle, Luna dans Harry Potter ! Mais le barman lui demandait pour ses cours alors tant qu'à faire elle allait lui répondre :

-D'éducation sexuelle !

Elle avait dit ça pour plaisanter, enfin à moitié. En fait Bérénice n'avait pas vraiment réfléchi à l'intelligence d'une telle réponse... Elle devait avouer que c'était un test pour voir quelle serait la réaction de Jack à une telle affirmation, réaction qui pourrait sans doute lui confirmer qu'il avait eu les mêmes idées aussi mal placées. Mais au final, penser à prendre son pied, ce n'était pas pire que de penser à son canard jaune pipi qui trônait dans la salle de bain. Manqueraient plus que les crevettes à mettre dans l'eau du bain et ce serait parfait pour Jack ! Après un court temps de silence elle reprit :

-Faites pas attention, c'est la fatigue du voyage, je dis des bêtises. Je donne des cours d'anglais et de français. Rectifia-t-elle.

Mais des cours d'éducation sexuelle avec lui, ça elle n'était pas contre, elle devait bien l'avouer. Têtre pas ce soir car ce n'était pas un petit mensonge, elle était véritablement usée par ce si long voyage et elle savait qu'une fois tout ça dans son appartement, ce serait son lit qu'elle aurait envie de trouver et non pas les bras de Jack, tout aussi attirants soient-ils. Et puis toute façon, il devait travailler lui...

-Non, va falloir enchaîner tant qu'on a des forces pour faire le plus dur... Renchérit-elle.

Oui s'ils commençaient à se reposer, c'était fichu... Ils n'auraient plus ensuite la force de se relever pour redescendre et monter d'autres trucs. En plus sur un canapé... C'était fou comme de mauvaises pensées, enfin mauvaises, ça dépendait des critères, avaient envahi son esprit et ne le quittait plus. A croire qu'il ne lui faisait pas qu'un peu d'effet pour qu'elle se mette déjà à élaborer tous les scénarios imaginables. Elle chassa tout cela de ses pensées alors que le concierge arrivait. Elle le salua se retenant de râler lorsqu'il annonça qu'il fermait son bureau dans une heure. Non mais ce n'était humainement pas possible de monter tout cela en moins d'une heure sans ascenseur ! (le mot important à retenir ici étant : sans !) Mais elle avait vraiment gagné le gros lot car le vieux bonhomme semblait bien s'entendre avec Jack, du coup il lui proposa de prolonger l'ouverture du bureau de manière exceptionnelle. Bien sûr la jeune actrice n'oublia pas de l'en remercier chaleureusement. Bon, elle devait ça aussi un peu à Jack du coup, mais elle le remercierait plus tard et d'une manière différente...

-Oui allons-y, on va pas attendre d'être mort de vieillesse...

Ou de ressembler à des crevettes tiens ! Ca devait être la nouvelle expression pour remplacer "les poules auront des dents". On devrait dire maintenant : de ressembler à une crevette. Surtout vu que bientôt le pouletosaure débarquerait sur la planète et là, les poules auront effectivement des dents..

-Surtout que j'ai encore plein d'expérience à faire ! Reprit-elle.

Comme tester toutes les pièces de ce nouvel appartement avec le chevalier servant qui venait de se mettre à sa disposition pour l'aider à faire son déménagement... M'enfin ce n'était qu'un exemple. A 24 ans Bérénice avait encore plein de belles choses à découvrir et un Nutz à rencontrer mais ça elle ne le savait pas encore et était loin de pouvoir le deviner...

Elle attrapa le canapé par dessous et lorsqu'il fut en place se fut parti. L'ascension fut pénible d'autant qu'il fallait faire tourner le canapé qui était plutôt long dans la cage d'escaliers. Ils firent des courtes pauses à chaque étage, pour reprendre leur souffle. Le troisième n'étant pas non plus à l'autre bout du monde ils finirent par y arriver. Une fois posé dans le couloir elle le fit glisser jusqu'au salon et se laissa tomber dessus. Mais quasi aussitôt se releva se ressasissant : où étaient passées ses bonnes résolutions ?!

Ben oui franchement... Il l'avait cru une seconde ? Parce que les profs d'éducation sexuelle pas dit que ça existe... Bon y avait bien les profs de bio mais c'était pas une éducation sexuelle au sens où on pourrait l'entendre. Eux ils apprenaient aux ados comment leur corps fonctionnait, non pas comment avoir les meilleurs rapports homme/femme possible. Ah et pas socialement parlant hein ? Non concrètement parlant, lors de rapports.... Enfin bref, s'il avait voulu la croire c'était peut-être qu'il était intéressé pour ce genre de choses entre eux. Elle se doutait bien qu'à son âge il n'avait pas besoin de cours. Elle n'était pas idiote, vu comme il était gaulé et flirtant, il devait être tout sauf puceau...

Elle ne put s'empêcher de sourire lorsqu'il fit sa remarque suite au fait qu'elle se soit assise sur le canapé. Mais c'était surtout la suite qui était importante. Il allait pas justement se contenter de l'aider, ils auraient droit à un petit moment tranquille une fois qu'ils auraient tout terminé. Et franchement, ça elle avait hâte parce qu'elle sentait qu'après les meubles et l'électroménager elle n 'allait plus en pouvoir... Elle n'aurait sans doute pas d'ailleurs la force de monter quoique ce soit ce soir... Têtre même qu'elle dormirait dans le canapé. Pourtant le lit c'était assez simple. Il suffisait d'emboîter les différentes parties, mettre le matelas dessus et ça roulerait... Mais non, elle risquait d'être prise par une flemmingite aiguë...

Et les voilà repartis vers le bureau du concierge. Ils s'étaient mis au plus dur, au plus lourd, comme ça ils en seraient débarassés. Et ça va n'avait pas été sans peine, loin de là. Ca devait faire quoi ? Deux heures qu'ils bossaient comme des bêtes acharnées ? Sans doute... Tëtre un peu plus. Au bout d'une demi heure trois quarts d'heure, plus personne ne parlait : trop difficile, avec l'essouflement et tout ça... Ils avaient même attaqué d'autres cartons mais au bout de ce deuxième voyage de cartons, la langue du barman se délia et appuyé sur la pile il ne put s'empêcher de faire un commentaire, entrainant un petit rire de la part de la demoiselle. Très cristallin.

-Yep... Souffla-t-elle comme elle commançait à reprendre son souffle petit à petit.

Elle se mit à regarder autour d'elle, ce qui jonchait le sol de l'appartement. Définitivement, les meubles et tout le rangement qui devrait suivre ce serait pour le lendemain, après une bonne nuit de sommeil. En plus là fallait aussi qu'elle passe au magasin car elle n'avait rien à manger, rien du tout, pas de bières pas de petit déjeuner, pas de souper ce soir.... Rien. Et puis ça servait à quoi un frigo branché qui tournait si ce n'était pas pour mettre de la nourriture dedans ? Je vous le demande moi !

-Si tu me montres l'épicerie du quartier on pourrait faire une petite pause pour faire deux trois achats, dont ces fameuses bières.

Après tout il l'avait aidée donc c'était normal que ce soit elle qui reçoive, elle qui offre les dites bières. Alors s'il essayait de protester, de proposer d'aller en chercher dans son propre frigo, ce serait hors de question, tout simplement ! Elle se leva du carton sur lequel elle était assise et farfouilla dans ses affaires pour en retirer son sac à main, vérifia qu'il y ait bien son portefeuille et zou, c'était bon ils pouvaient aller au magasin.

-J'te suis, et têtre qu'y a un truc sympa à voir dans le quartier ? Interrogea-t-elle.

Elle disait ça un peu au hasard n'ayant aucune idée si c'était le cas. Après tout c'était elle qui débarquait et qui attendait qu'on lui fasse découvrir des choses... La jeune actrice se dirigea vers la sortie. Par réflexe elle appuya sur le bouton d'appel de l'ascenseur avant de se traiter d'idiote. Elle était bien la première à savoir que ça ne marchait pas mais fallait qu'elle tente le coup quand même ! Elle attendit que Jack prenne les devants et elle le suivrait jusqu'à une épicerie en espérant trouver son bonheur pour ses repas à venir. La bière par contre ça ne devrait pas être bien dur.

-T'as du temps demain? Lança-t-elle.

Ainsi elle serait déjà fixé pour savoir si elle avait une chance qu'il puisse venir l'aider pour tout son bricolage...

Un petit haussement d'épaules suivit l'affirmation de Jack. Non ça ne pouvait pas être la même chose. C'était deux filles différentes, donc forcément y avait des choses à voir qui n'était pas forcément les mêmes qu'à Washington. Au hasard la Statue de la liberté au hasard ! Bon elle était d'accord que sur le principe une grande ville restait une grande ville : métro, tram, bus.... Des bouchons en centre ville ,de la pollution. Ca c'était partout pareil. Hélas ! Et puis ça restait une grande ville dans laquelle elle pourrait se perdre tant qu'elle ne prenait pas ses marques...

-Ca reste l'inconnu total pour moi et qui sait ce qui pourrait arriver à une jeune femme perdue dans une si grande ville...

Non, elle n'en rajoutait mais alors, pas – du – tout ! Comme si ça pouvait être le cas... Non mais franchement ! Bon, juste pour dire que s'il voulait lui montrer des trucs sympas, elle ne dirait pas non. Voilà tout !

-Je risque d'avoir besoin d'aide pour tout installer dans l'appart... Et je suis sûr que t'es doué de tes mains...

Si c'était pas un propos à caractère tendancieux ça, va falloir m'expliquer là parce que plus que ça, je pense que ce n'est pas possible. Enfin Bérénice était très forte à ce petit jeu là et vous pouvez compter sur elle pour ne pas laisser passer la moindre chance. Je suis sûre que même au sujet de crevettes ou d'un canard jaune pipi, elle arriverait à faire des sous-entendus et tendre des perches à celui sur lequel elle avait des vues...

D'ailleurs... A n'importe quel moment ? Vraiment ? Car ce serait avec plaisir qu'elle viendrait voir le barman en plein milieu de la nuit. Qui sait ? Peut-être qu'ils trouveraient une activité amusante à faire à ce moment là. Non pas ce que vous croyez. Un scrabble à deux heures du matin, c'était des plus appropriés. Quoique ce ne serait peut-être pas ce qu'il désirerait... Un ami qui rentrait de l'hôpital.... Chez lui ce serait sans doute pas une bonne idée du coup. Et chez elle avec tout le bordel partout... Mais fallait bien baptiser toutes les pièces non ? Mais sinon entre les deux apparts y avait... L'ascenseur ! Certes il ne marchait plus, mais suffisait d'y rentrer par la trappe et puis ça pouvait mettre de l'adrénaline dans la chose, la petite escapade. A moins qu'ils n'attendent que la réparation ait eu lieu car de jour ça devait être encore mieux! Quoique... L'adrénaline étant causée par deux facteurs différents, difficile de dire lequel serait le mieux.

-Pas de souci. Merci beaucoup, je prends note.

Ouais elle disait ça comme si elle allait pouvoir prendre rendez-vous avec lui. Mais ne serait-ce pas le cas ? Les voilà qu'ils entraient dans l'épicerie. Elle fit ses courses pour les jours à venir. Le frigo avait juste à être branché du coup elle pourrait y mettre son frais et puis en attendant les placards elle mettrait l'épicerie dans un coin... Et tout ça sans oublier le pack de bières !

-Quelle marque tu préfères ?

Non pas qu'elle voulait s'attacher à lui ou quoi que ce soit. Si elle retenait ce genre de trucs, ce serait juste pour le mettre dans ses petits papiers afin que les choses auxquelles elle pensait depuis qu'elle l'avait vu la première fois puissent se concrétiser. Elle le dévisageait encore une fois et elle ne put que contempler ce beau Jack. Elle en avait de la chance de l'avoir pour voisin ! Mais elle l'imaginait sans aucun problème en bricoleur, un débardeur marcel blanc moulant et un jean qui tombait un peu laissant deviner les formes de son postérieur et dépasser très légèrement un boxer.

Heureusement qu'elle avait les moyens car sinon elle aurait fait la tête.? Non pas que ce soit des gouts de luxe qu'avait Jack mais on va dire que ce n'était pas la bière que tout le monde pouvait s'offrir. Quoiqu'avec son boulot il avait sans doute accès à des offres qu'un particulier qui n'était pas dans la métier ne pouvait pas avoir. Oui, elle s'en doutait bien que barman ça gagnait pas des cents et des mille.... Mais bon c'était pas ça qu'elle lui demandait... Non elle lui demander d'être excellent dans un autre domaine que la richesse... Enfin bref, ça vous l'avez compris, pas besoin de s'étaler plus sur le sujet.

Voilà, le tout était payé, au grand bonheur du caissier qui n'avait pas pu s'empêcher de zyeuter dans le décolleté du débardeur de la jeune actrice. Sa main libre enfoncée dans la poche de son jean. Le petit trajet se fit en silence non pas qu'elle n'avait pas envie de lui causer à ce brave Jack mais juste qu'elle observait les alentours histoire de repérer le chemin jusqu'à l'épicerie. Ce serait dommage que la prochaine fois qu'elle ait des courses à faire, elle ait besoin de demander à Jack. Oh oui bien dommage !

Ils rentrèrent dans l'immeuble et après avoir monté une énième fois les marches arrivèrent dans son appart'. Elle brancha le frigo et attrapa deux bières pour enfin se laisser tomber sur le canapé et cette fois c'était ô combien mérité. Elle tendit la seconde à son nouveau voisin après les avoir décapsulés et sourit. Bérénice tendit sa bouteille vers Jack.

-A cette nouvelle vie à New-York et à ma nouvelle rencontre !

Après un sourire encore un peu plus large elle avala une gorgée de bière et s'enfonça dans le canapé tellement contente de se poser un peu. Elle était crevée c'était le moins qu'on puisse dire. Et le lendemain ce serait pareil donc au fond ça ne la gênait pas que ce à quoi ils pensaient tous les deux depuis le début soit repoussé un chouilla... Ni lui ni elle ne seraient sans doute en état. Mais encore une fois ce n'était que partie remise. Ses yeux se fermèrent tous seuls.

-Et le dos tu peux le bricoler ? Je veux dire, tu sais masser ? Avec tous ces allers venus, il est complètement en compote.

Ils savaient tous les deux que ça ne déboucheraient sur rien pour l'instant mais c'était bien de s'échauffer comme ils le faisaient. Jusque là c'était verbal et voilà maintenant qu'elle lui faisait des suggestions physiques. Elle savait que ça lui donnerait envie de plus, sauf si le dit Jack n'était pas aussi doué de ses mains qu'il le prétendait.... En tout cas s'il avait les doigts de fée qu'elle imaginait, elle sentait déjà que ça allait lui faire un bien fou. Alors que dire de quand ils passeraient à des caresses vraiment intimes avec pour but de ne plus faire qu'un ?

-Enfin c'est comme tu veux... Tu en as peut-être besoin d'un aussi ?

Bon elle ne saurait pas vraiment dire si elle était dotée de doigts de fée mais il lui semblait qu'elle était capable de lui faire du bien au dos. En tout cas si jamais il lui demandait c'est pas elle qui dirait non !

La pluie s'était remise à tomber, tapotant contre les carreaux des fenêtre de l'appartement, tout doucement, comme pour créer une musique d'accompagnement à ce moment tendre. C'était le seul bruit qui se faisait entendre, le reste de l'appartement n'était rien que silence. Il avait de grandes mains, puissantes qui devaient lui être bien utiles si une bagarre se déclenchait dans le bar. Malgré cela elles faisaient preuve de la plus infime des douceurs et puis leur mouvement sur ses épaules la faisaient se sentir si bien... Ses paupières se fermèrent d'elles-mêmes tout comme Bérénice savourait ce doux moment. Elle n'avait d'ailleurs pas du tout été gênée du fait qu'il fasse tomber les bretelles de soutien gorge et de débardeur et puis aussi du fait qu'il ait fait passer sa queue de cheval devant ses épaules. Quelle douce sensation que ce... Non ce n'était plus les mains qui faisaient remuer sa peau mes ses lèvres qui s'étaient délicatement posées sur sa nuque après un rapide passage sur l'épaule. Un nœud se forma au creux du ventre de la jeune femme. Qu'elles étaient suaves... Sachant exactement qu'il voulait la même chose qu'elle -à croire que toutes leurs allusions de l'après-midi les avaient mis en appétit – elle pencha légèrement la tête afin de lui signifier que bien entendu elle ne le repoussait pas – qui pourrait repousser un homme comme lui?- et qu'elle en redemandait. Voulant plus, elle finit par se tourner vers lui et à poser sa main sur sa joue. Elle espérait ne pas se tromper mais bon, là ça semblait indéniable. Bérénice se pencha vers ses lèvres, il avait l'air d'être le genre d'homme à aimer le femmes qui n'hésitaient pas à faire le premier pas.

BANG

Alors que leurs lèvres ne devaient plus être séparés que par quelques millimètres de rien du tout, un pigeon avait eu la bonne idée de venir s'éclater contre la fenêtre du salon de chez Mlle Baline. Non mais je vous jure, y en a qui ont de ses idées. Et bien entendu, ne s'y attendant pas, Bérénice fit un bond, plus que surprise. Et voilà... Toute la magie de l'instant était brisée... Curieuse et puis bon, c'était quand même sa fenêtre que ce crétin avait tenté de traverser, elle se leva pour voir de quoi il s'agissait. Le pauvre pigeon s'était relevé vaille que vaille mais il semblait trop sonné pour voler. Avant qu'il ne tombe et fasse la chute du siècle elle ouvrit la fenêtre et l'attrapa. Du coup, au lieu de passer un agréable et tendre moment avec Jack le barman, ce qui s'annonçait si prometteur, la voilà partie pour soigner le pigeon...

-Est-ce que tu penses que t'as de quoi lui faire un petit bandage ?

Oui, comme si tout le monde avait de quoi soigner un pigeon chez soi... C'était tellement courant ! Elle alla chercher du désinfectant espérant que ce qui était bon pour les humains le soit aussi pour les oiseaux... Après tout quand elle était petite elle avait bien soigné un moineau comme ça. En tout cas Bérénice n'avait pas trop l'air de calculer si Jack était déçu ou quoi, elle pensait surtout à la pauvre bête qu'elle allait aider le temps qu'elle se remette et puis de nouveau voler de ses propres ailes. Du coup s'il était frustré ou quoi, pas dit qu'il apprécie de l'aider à s'occuper de la bestiole... Fin bref, passons, toute façon il avait pas le choix. Et tant qu'elle n'était pas « passée à la casserole » il n'était pas l'intérêt de Jack de baisser dans l'estime de sa voisine non ?