Au détour d'un parking [Jack] [Terminé]

Le soleil tapait sur la ville de New-York alors qu'on était encore qu'en début juin. La température était plus élevée qu'elle n'aurait dû l'être normalement en cette période de l'année. Pour expliquer ça on disait que c'était la faute de la pollution, que c'était le réchauffement planétaire, qu'on devait arrêter de polluer sinon ce serait la fin du monde...

Alors qu'elle passait de véhicule en véhicule, l'inspectrice Heat n'avait pas d'opinion bien précise sur le sujet. Tout ce qu'elle savait c'est qu'elle avait trop chaud, que son uniforme lui pesait avec les 39° Celsius mais cependant elle ne pouvait pas se contenter de vérifier seulement les voitures et autres engins qui étaient à l'ombre. Toute manière, même quand elle était à l'ombre, elle avait bien trop chaud. Si seulement elle avait su.... Elle aurait mis sa chemise à manche courtes. Mais il avait fallu que le ciel soit sombre et nuageux lorsqu'elle s'était préparé le matin même, à 6 heures et demie. Du coup elle s'était habillé chaudement, pour ne pas avoir froid si elle se prenait la pluie pendant qu'elle distribuait contraventions. Oui, bien entendu la moitié voire les trois quarts de ses concitoyens ne payaient pas leur place, n'allaient pas chercher leur petit ticket et ne le plaçait pas sous le pare-brise. Ils avaient alors droit à une jolie bande de papier coloré. Mais il paraissait qu'il valait mieux payer une amende de temps en temps que de payer tous les jours, toute la journée de stationnement. Comme quoi le système était mal foutu...

Lorsqu'elle changea d'aller pour s'occuper des engins à deux roues elle s'arrêta quelques minutes contre un arbre et sortit sa bouteille d'eau pour se rafraichir. Pour la énième fois elle soupira se demandant ce qui lui avait pris de désobéir à un ordre direct de l'un de ses supérieurs. En effet pour insubordination Maÿlis avait écopé de trois jours de suspension durant lesquels, elle avait récupéré le travail qu'on donnait aux bleus en temps normal, travail dont personne ne veut jamais au commissariat. Tout en reprenant cette tâche ingrate elle repensa à l'affaire qui l'avait conduite à une désobéissance. Ils avaient trouvé le corps d'une jeune femme, un peu moins âgée qu'elle puisqu'elle avait 19 ans, qui avait été violée et violentée avant d'être laissée pour morte. Elle avait été très touchée par cette affaire. La jeune fille venait d'un milieu plus qu'aisé puisque son père avait été sénateur quelques années auparavant. Cependant le suspect principal - et dont elle était convaincu qu'il était le coupable, auteur du viol et du meurtre- était quelqu'un d'assez haut placé, presque intouchable, si bien que la demande de mandat n'avait pas été signée par le procureur et ils avaient dans un premier temps été bloqués dans leur recherche d'indices. Le problème c'est qu'elle n'avait pas attendu que Mac fasse les démarches nécessaires auprès de son propre supérieur pour obtenir cette commission rogatoire. Elle s'était arrangée pour trouver un moyen de récupérer un échantillon ADN du suspect en le prenant en filature (elle avait ramassé un mégot de cigarette sur la terrasse d'un café....) Mais en plus d'avoir pris des risques, la preuve n'était en aucun cas recevable puisque récupérée de manière illégale d'où une réprimande de Mac qui l'avait retirée de l'affaire la jugeant trop impliquée. Elle avait alors persisté et continuait à enquêter ce qui lui avait valu trois jours de mise à pied... Et voilà où elle se retrouvait... Devant une moto qui ne présentait pas de petit papier carré signe que son usager n'avait pas payer... A poser encore une fois une longue feuille rectangulaire.... Heureusement c'était son dernier jour et le lendemain elle pourrait reprendre son travail normal. Elle se doutait que Don aurait un oeil sur elle après les événements récents mais elle savait qu'elle serait tellement contente de retrouver de vraies enquêtes qu'elle se tiendrait à carreaux... Elle soupira en détachant le PV qu'elle venait de remplir et le coinça à un endroit où le motard ne pourrait pas le louper.

Maÿlis en avait plus que marre de poser des contraventions. Heureusement qu'elle était seule parce que l'humeur massacrante qui montait en elle de plus en plus ne serait bonne pour personne, qui que ce soit, de sa meilleure amie au plus sombre des inconnus. Tout en remplissant encore un formulaire, elle zyeutait sa montre toutes les secondes. Elle ne pouvait pas s'empêcher de le faire même si elle savait que ça faisait passer le temps encore plus lentement..... Diantre ! Il restait encore une heure et demie avant qu'elle puisse retourner au poste de police, quitter cet uniforme, prendre une douche... Une douche... Elle rejeta la tête en arrière et ferma les yeux un instant, songeant à l'eau fraiche qui pourrait enfin couler sur son visage et lui faire remettre toute sa mauvaise humeur dans son casier avec l'uniforme qu'elle ne reporterait pas avant septembre voire octobre prochain c'était décidé ! Alors qu'elle savourait à l'avance cette douce sensation, un "hey" retentit ce qui la fit sursauter. Elle se retourna surprise vers le propriétaire de la moto sur laquelle elle avait posé un PV quelques minutes auparavant. Elle soupira intérieurement sachant déjà comment ça allait se terminer puisqu'elle devinait ce pourquoi il l'interpelait. Vu son état, il allait très certainement regretté d'avoir osé envisager la protestation.

-En quoi puis-je.... Commença-t-elle sans avoir eu le temps de finir, interrompue par les grognements de cet homme.

Tandis qu'il marmonnait dans sa barbe en râlant contre les flics, elle le détailla brièvement du regard : grand et de carrure assez imposante, il avait malgré cela un visage aux traits doux. Mais l'engueulade qu'il commençait à lui déblatérer coupa court à la description qu'elle se faisait intérieurement. Elle plia son carnet tout en rebouchant son stylo et mit les mains sur les hanches, hanches dont une ceinture bien remplie faisait le tour puisqu'elle avait dans le dos, une paire de menottes, sur le côté un holster avec son arme de service, du côté de l'autre flanc une pochette pour mettre son carnet et son stylo.

-Je vous demande pardon monsieur ? Vous avez un problème ?

Son ton était sec, très sec même mais il y avait beaucoup de choses qu'elle détestait et qu'on se foute de sa figure en faisait partie. Elle planta son regard dans le sien, bien décidée à ne pas céder. De toute manière c'était lui qui était en tord, elle avait la loi, la justice et si nécessaire la force de son côté, seulement ce genre de petits incidents avaient le don pour la mettre de mauvais poil. Alors imaginez quand elle est déjà de très mauvaise humeur ce que ça peut donner...

Elle le regarda faire et sentit l'agacement et de la colère monter en elle. Qu'il continue à faire dans l'ironie et dans le je m'en foutisme, il allait voir que ce n'était pas parce qu'elle était une fille, qu'elle semblait moins forte que lui qu'elle allait se laisser marcher sur les pieds. Au fond elle le comprenait, payer son parcmètre quand elle faisait une course (même s'il était rare qu'elle prenne une voiture pour aller en centre ville, elle privilégiait le vélo) ne l'enchantait jamais. Mais c'était comme ça, fallait bien trouver une source de revenus qui permettent de payer à la fois les services de police et les travaux nécessaires de temps à autre pour rénover routes, parkings etc...

-Monsieur, calmez-vous, la prochaine fois vous paierez vos deux dollars de stationnement et vous n'aurez aucun ennui, là si vous n'arrêtez...

Mais avant qu'il ait pu finir sa phrase il avait balancé la feuille de papier par dessus son épaule. Elle savait exactement que faire et en plus ça lui permettrait de regagner le commissariat, un endroit frais et ça mettrait fin à cette tournée dont elle en avait plus que marre. Le temps qu'elle l'emmène, qu'elle fasse toute la paperasse qui allait découler de son attitude... Elle sourit. Grâce à lui elle en avait fini de ce boulot de merde. Il devait pas trop comprendre l'origine de son sourire mais qu'importe.... Il pouvait bien la prendre pour une sadique, elle s'en contre fichait de ce qu'il pensait !
Elle fit le tour de la moto et lui poussa le dos avec force de manière à le plaquer contre sa moto.

-Vous êtes en état d'arrestation pour outrage envers un officier de police dans l'exercice de ses fonctions. Vous avez gagné un aller simple et gratuit pour le commissariat. Et merci. Allez, debout et descendez de moto !

Tout en parlant elle lui avait croisé les bras dans le dos et passé les menottes. Maintenant direction sa voiture de fonction avec laquelle elle pourrait l'emmener. La moto elle, serait envoyée à la fourrière.

Maÿlis ne savait pas si elle devait sourire ou soupirer de la situation. Ce type était pas croyable. « S’arranger à l’amiable » et puis quoi encore ! Il n’avait pas respecté la loi, elle représentait la loi, elle devait donc s’assurer qu’il payait le prix de son insouciance. Elle eut envie de le baffer lorsqu’il lui sourit. Non mais quel hypocrite ! Il pensait qu’elle allait le laisser faire ?! Ou plutôt le laisser filer, comme ça ? Et fermer les yeux ?

-Vous avez perdu toutes vos chances pour un tel arrangement quand vous avez balancé l’amende par-dessus votre épaule…

Elle posa son regard sévère sur lui et le tenant en haut du dos, elle le conduisit jusqu’à sa voiture. Elle détestait les personnes comme lui, il n’avait aucun respect pour rien, en tout cas pas pour les règles. Qui savait de quelle autre connerie il était capable. C’était comme ça que les délinquants commençaient : ce genre de petites fraudes et ensuite, on passait à des vols de plus grande ampleur, et pour finir un jour, ils tuaient quelqu’un. Bon ce bonhomme là n’avait certes pas une tête de tueur, mais il avait le même problème : pas de principes et pas de respect. Et elle aimait pas ces personnes là. Dommage parce qu’elle devait reconnaître qu’il était bien foutu et avait un beau visage, c’était la seule concession qu’elle lui faisait. Mais bon à quoi ça servait d’avoir le physique si le mental suivait pas derrière. Arrivée au véhicule, elle déverrouilla la portière et le fit monter à l’arrière. Elle lui mit sa ceinture puisque lui ne pouvait pas étant toujours attaché. Elle put sentir son parfum alors qu’elle le frôlait pour boucler la ceinture. A défaut d’une bonne morale il avait de bons gouts. Elle ferma les yeux et se ressaisit en l’espace d’une seule seconde. Maÿlis devait se montrer inflexible et intraitable quoiqu’il arrive et pas laisser de signe de ce qui était considéré comme une faiblesse par la gente masculine dans son boulot. Elle se recula et sortit de la voiture et monta à l’avant. Elle s’attacha à son tour et démarra. A cette heure ci il allait y avoir des embouteillages mais d’ici 15-2 0 minutes ils seraient arrivés au commissariat.

-J’espère que vous avez bien pris place, le NYPD vous souhaite un agréable voyage.

Ouais elle aussi savait faire dans l’ironie, c’était pas le seul, c’était pas parce qu’elle était une femme qu’elle ne pouvait pas jouer sur le même terrain que lui ! Au contraire, vu comme elle était entrainée par l’environnement dans lequel elle évoluait chaque jour, elle se jugeait plus douée que la plupart des hommes pour ça. Alors c’était pas la peine qu’il essaie de l’avoir sur ce terrain là, ça ne marcherait pas. Et puis c’était elle qui avait le flingue alors qu’il ne la tente pas !

Elle soupira et ses mains se serrèrent sur son volant. Quel crétin ! S'il était même pas capable de respecter une règle qui était faite pour sa sécurité... On était pas sorti de l'auberge ! Enfin on.... Elle espérait lui coller l'amende, lui donner les papiers et le sortirai du commissariat en espérant ne plus jamais le revoir.

-J'ai dit gratuit ? Oh zut, j'ai oublié de vous annoncer le supplément sur votre amende pour votre récalcitrance...

Elle jeta un regard dans le rétro. Il semblait plus qu'agacé et contrarié, peut-être que ça le calmerait et qu'il ne recommencerait plus. Comme ils étaient dans les embouteillages, elle profita d'être à l'arrêt pour consulter ses messages. Elle sourit en voyant un de l'un de ses collègues avec qui elle s'entendait très bien. Elle reposa le combiné vu que ça redémarrait. Elle devrait patienter et le lire un peu plus tard mais ça avait suffi à ramener un sourire joyeux sur ses lèvres.

-Si vous voulez tout savoir, c'était pas pour mon plaisir que j'étais sur ce parking à contrôler les paiements de parcmètre... J'aurais largement préféré être sur une enquête comme c'est le cas habituellement... Vous aussi vous auriez préféré j'imagine.

Pourquoi disait-elle ça ? Pourquoi ce soudain accès d'empathie et cette envie non ce besoin de discuter avec lui ? Elle appuya la tête contre l'appuie-tête, songeuse. Ca devait être d'avoir vu le message qui l'avait légèrement attendrie et déridée dans le sens où elle était soudainement moins dure avec lui... Elle resserra le volant, il fallait se reprendre ! En plus ce genre de personne était pas aimable et elle était prête à parier son badge qu'il en avait rien à foutre et que l'entendre dire ça l'avait soualé et que oui, il en avait rien à foutre mais alors rien du tout !

Alors que le feu venait de passer au vert Maÿlis avait presque caler en redémarrant tellement elle venait d'être surprise par sa question. Quoi ? Il l'avait donc écoutée ?! Il avait fait attention à ce qu'elle avait dit ?! Ou alors avait-il juste écouté distraitement mais comme il s'ennuyait il cherchait à meubler. D'autant plus qu'ils étaient toujours au milieu d'une file de voiture qui avançait à deux à l'heure. Elle soupira en repensant à l'engueulade de son supérieur. Elle se mit à tapoter son volant n'ayant pas franchement envie de répondre. Elle qui le supportait pas de ne pas suivre les règles.... C'était pour désobéissance qu'elle s'était retrouvé à faire des parcmètres... A croire que la vie en lui envoyant Jack avait voulu lui donner une leçon d'humilité et lui rappeler qu'elle non plus n'était pas parfaite... Elle se mit à triturer sa lèvre réfléchissant à que dire.

-J'ai pas...

Mal à l'aise elle ne put s'empêcher de regarder dehors.

-J'ai voulu faire trop vite sur une enquête, j'ai pas attendu l'autorisation du procureur pour chercher à obtenir un échantillon d'ADN. J'ai eu de la chance, ça n'a pas mal tourné, mais pour me rappeler qu'on est une équipe et qu'on avance pas tout seul dans son coin mon supérieur s'est dit que trois jours de suspension me feraient pas de mal...

Heureusement les voitures devant s'étaient remises à avancer et ils n'allaient pas tarder à arriver. Elle n'avait pas trop envie de se faire chambrer sur le fait qu'elle aussi soit punie tout comme lui avec son amende. En plus, il allait sans doute lui en vouloir deux fois plus pour cette amende car si elle n'avait pas désobéi, elle ne se serait pas retrouvée à contrôler le paiement des parcmètres et lui n'aurait sans doute pas eu d'amende. Du peu qu'elle avait vu de lui, il en était bien capable..

Maÿlis serra son volant de toutes ses forces. Elle mit son clignotant pour tourner dans la rue du commissariat. Heureusement qu’ils arrivaient car elle ne le supportait plus. Ca lui servirait de leçon d’avoir voulu faire la causette, non mais je vous jure ! Elle se tairait maintenant et serait intraitable, surtout avec des chieurs comme lui. Ses pensées reprenaient des mots qui n’étaient pas normalement dans son langage mais c’était tout ce qu’elle trouvait pour le qualifier. Elle lui lança un regard furieux dans le rétroviseur et se gara assez brusquement. Heureusement il y avait deux places du coup elle avait de la marge pour faire sa manœuvre, sinon elle serait arrivée bien trop vite. Elle coupa le contact et attrapa son portable qu’elle rangea dans sa poche. Elle sortit ensuite de voiture et lui ouvrit la portière. Elle le détacha sans un mot et le fit descendre de voiture. Elle était redevenue sèche et fermée comme une huître et ce jusque dans le moindre de ses gestes, par conséquent ce ne fut pas avec délicatesse qu’elle le fit sortir du véhicule.

-On est arrivé Monsieur Patient !

Encore une fois elle lui avait renvoyé son ironie et ce de manière aussi chiante que lui avait pu l’être. Elle l’entraina jusqu’au perron et le fit rentrer à l’intérieur du bâtiment. Là elle l’emmena dans une pièce et le fit asseoir. Avec un sourire sadique qu’elle garda intérieur elle détacha les menottes tout en prenant son temps ce qui allait sans doute le laisser penser qu’elle allait lui laisser les mains libres, d’autant plus que le métal ne laissait pas la meilleure sensation sur les poignets de quiconque se retrouvait menotté. Elle l’attacha alors au pied de la chaise. Ainsi elle serait sure qu’il n’y aurait aucun incident, qu’il ne tenterait pas de sortir pendant qu’elle irait chercher la paperasse nécessaire. Elle n’avait aucune confiance en lui.

Sans un mot, le laissant mariner, elle sortit de la pièce. Elle croisa en direction de son bureau, David, l’auteur du SMS qu’elle avait reçu alors qu’ils circulaient dans les rues embouteillées de la Big Apple. Après s’être fait la bise ils échangèrent quelques nouvelles assez rapidement. Le jeune officier était plutôt grand, mince mais musclé et blond aux yeux bleus. Maÿlis devait avouer qu’elle n’était pas insensible à ce mec qui, elle devait le dire, était canon. Mais elle essayait d’étouffer ce petit béguin qui commençait à naître : on lui avait toujours dit qu’elle ne devait pas entamer de relation avec quelqu’un avec qui on travaillait, spécialement si on était dans la même équipe. Elle soupira se demandant comment elle était sensée pouvoir rencontrer quelqu’un en dehors vu le temps qu’elle passait au boulot, sur des enquêtes parfois interminables… Une fois à son bureau, un sourire mauvais naquit sur ses lèvres. Elle prit les clefs de son casier après avoir récupéré un formulaire gagna les vestiaires. Elle prit des vraies fringues et fila sous la douche. Elle fit assez vite pour ne pas non plus abuser, toute façon, elle ne voulait pas mouiller ses cheveux parce qu’après c’était une horreur à recoiffer. Elle enfila son jean puis ses chaussures à talons, talons qui devaient faire au moins une dizaine de centimètres. Elle passa un chemisier dont elle déboutonna les premiers boutons et une pince dans les cheveux, elle reprit le dossier et retourna dans la salle où le « pauvre » Jack attendait. Elle ferma la porte derrière elle et s’installa face à lui, comme pour un interrogatoire. Maÿlis ouvrit le dossier et en sortit la feuille qu’elle allait remplir pour faire état de sa fraude et le récit de l’incident qui avait suivi et lui devait signer le papier, reconnaissant qu’il avait en effet bien agi comme tel. Ensuite elle lui redonnerait l’amende qu’il aurait deux semaines pour payer. Puis il pourrait partir, sachant que sa moto devait déjà l’attendre à la fourrière.

Maÿlis venait de sortir son crayon et d'appuyer sur le déclic qui en faisait sortir la mine puisque c'était un bic. Elle releva les yeux vers lui et le jaugea du regard. Elle n'était pas des plus motivées pour accéder à ses deux différentes requêtes. Mais il y en avait au moins une des deux pour lesquelles elle n'avait pas le choix. Elle se leva, passa dans la salle depuis laquelle on pouvait observer les interrogatoires et prit un gobelet qu'elle remplit d'eau. Elle le posa sur la table une fois revenue. Comme il allait avoir besoin de ses deux mains, elle décida de le détacher, de toute façon il ne pouvait pas partir, s'il quittait la salle, un officier se chargerait de l'y faire retourner dare dare.

C'est alors que, penchée elle vit l'objet brillant entre les pieds de la table. Elle se saisit du couteau-suisse et après l'avoir brièvement examiné le posa de son côté du bureau le dissuadant de le reprendre d'un regard. Il devait s'être dit qu'avec ça il arriverait à se détacher.... Il devait avoir vu trop de films ou alors trop manipulé des menottes jouets que ce soit gosse ou pour du.. Non ça elle ne voulait pas savoir ! Elle se rassit et sortit son portable, enfin celui qu'elle utilisait pour le boulot et dont le crédit était financé par le NYPD et se mit à jouer avec hésitant à en laisser libre l'accès à Jack.

-C'est pour appeler qui ?

Elle planta son regard dans le sien attendant une réponse satisfaisante, sinon elle ne lui laisserait pas passer l'appel. Elle s'impatienta quelque peu qu'il ne réponde pas du tac au tac lui qui avait tant de répartie alors que pourtant, il semblait plus que pressé de quitter cet endroit.

-Si c'est pour dire à votre petite amie que vous êtes coincés chez les flics et que vous serez en retard à votre rencard ça peut attendre qu'on en ait fini ici. Remarquez vous n'aurez pas de quoi faire le fier quand elle saura que vous avez été embarqué alors qu'il s'agissait simplement d'un PV.

Non pas qu'il n'était pas venu à l'esprit de Maÿlis que ça puisse être pour appeler sa patronne dans le cadre de son boulot, mais elle trouvait que ça collait tellement mieux à ce personnage qui l'embêtait pour ne pas être plus vulgaire, depuis tout à l'heure.La futilité semblait lui convenir.

-Oh et puis n'oubliez pas de compter qu'il faudra que vous fassiez un petit détour par la fourrière.

Intérieurement elle sourit, savourant sa petite vengeance, puisqu'elle se doutait que ça allait lui faire les pieds. Elle attaqua de remplir le formulaire afin d'être débarrassée de lui au plus vite. Si ça continuait, elle allait péter un câble et c'était vraiment pas une bonne idée. Faut dire il commençait à lui taper sur le système avec ses remarques pourries et bourrées d'ironie. Il devait vraiment pas avoir envie de la payer cette amende pour être si ignoble mais se rendait-il compte que plus il en rajoutait et plus il s'enfonçait ?!

Elle posa le téléphone sur la table et le dévisagea. Il avait parlé avec sérieux. Cet homme avait au moins un boulot, peut-être que celui-ci tout compte fait ne dépasserait pas la fraude du paiement du stationnement. Elle attrapa son formulaire et se trouva bête. Depuis le temps qu'elle l'avait sur le dos elle ne savait toujours pas comment il s'appelait.

-On commence par remplir ça et je vous laisserai téléphoner ensuite. Votre nom ?

Elle avait déjà rempli la case profession puisqu'il venait de lui dire. Le nom du dit bar lui semblait familier... Elle réfléchit l'espace d'un instant et ça finit par faire tilt : c'était un bar assez renommé situé dans Manhattan, dans un quartier d'ailleurs assez côté. Maÿlis releva les yeux vers lui attendant sa réponse pour la gribouiller sur le papier avant de passer à la suite : le récit des faits. C'est elle qui le ferait et lui n'aurait qu'à signer, approuvant le récit. Enfin il n'aurait qu'à signer.. Non il aura toujours une amende à payer ensuite. Et c'est pas son banquier qui allait apprécier, ça c'était clair. Surtout s'il était barman, ça avait beau être un bar qui tournait plus que bien, même excellemment bien, il ne devait pas non plus gagner une fortune. Le gérant du bar lui par contre... Elle avait aussi conclu de la situation qu'au fond il ne devait pas être pressé d'avoir son patron à l'autre bout de la ligne car il risquait de se faire engueuler pour son manque de ponctualité. Alors que les pensées défilaient, ses yeux se posèrent sur le verre vide.

-Si vous avez encore soif, j'irai vous remplir le verre pendant que vous téléphonez.

Comme il semblait s'être calmé, elle s'était quelque peu radoucie. Faut dire, quand elle n'était pas exposée à un soleil brûlant elle était beaucoup plus conciliante, mais l'élément décisif restait le fait qu'il se soit calmé. Elle espérait que ça allait durer jusqu'à ce qu'il quitte le commissariat.

Son stylo remonta jusqu'à la première ligne où un blanc était laissé pour mettre le nom de la personne incriminée. Elle gribouilla le nom, de toute manière le tout serait informatisé par ses soins, du coup tant qu'elle arrivait à se relire c'était la seule chose qui comptait. Elle souffla un "Merci" à sa réponse. Qu'est-ce que c'était plus agréable lorsqu'il y mettait du sien ! C'était surtout pour avoir arrêté d'y mettre de la mauvaise volonté qu'elle le remerciait, pas tant d'avoir dit son nom, ça elle aurait pu le savoir juste en fouillant son porte-feuille qu'il avait très certainement sur lui. Bon techniquement elle n'avait pas vraiment le droit : il lui aurait plutôt fallu une commission rogatoire pour ce genre de fouille, à moins d'être certaine de trouver quelque chose d'illicite sur lui. Mais entre ne pas payer un parcmètre et être un dealer y avait quand même un grand pas à franchir. Et puis fallait qu'elle soit honnête avec elle : il n'avait pas une tête de shooté, au contraire il semblait plutôt même bien s'entretenir physiquement. Elle baissa les yeux vers sa feuille de papier ne voulant pas qu'il pense qu'elle le matait bien que si elle avait été honnête elle aurait reconnu qu'il n'aurait pas eu complètement tord. Son visage était décidément agréable à regarder... Mais son caractère suivait pas... C'était pas son genre !

Elle ne put s'empêcher de sourire lorsqu'il lui répondit pour le verre : son ton était moins sec et du coup elle y décelait moins d'ironie. Certes la manière de tourner sa phrase présentait encore de l'ironie mais il se calmait réellement. Elle sourit intérieurement, elle avait su s'imposer et il avait compris que la seule manière de sortir de là au plus vite c'était de faire profil bas et même de coopérer.

-Oh je n'en ai pas pour longtemps.

Elle s'appliqua pour toute la partie qui concernait le récit des faits afin qu'il puisse la relire sans trop de difficultés et ainsi il n'aurait plus qu'à signer. Lorsqu'elle eut fini elle reboucha son stylo et fit glisser la feuille jusqu'à lui, tournée dans le bon sans avant de lui tendre son stylo.

-Je vous laisse lire et signer. Vous aurez un exemplaire et vous avez deux semaines pour payer l'amende.

Elle se cala au fond de son fauteuil attendant tranquillement qu'il signe.

Elle releva les yeux vers lui, surprise. Elle n'aurait pas pensé qu'il s'attarderait à regarder comment elle s'appelait. Bon elle devait avouer qu'elle était tout sauf étonnée d'une telle vanne. Il n'était pas le premier à lui faire et ne serait sans doute pas le dernier à lui faire. Qu'il ait dit ça ne faisait que renforcer son impression qu'il avait les moeurs un peu trop légères. Son regard s'ancra dans le sien et elle se pencha vers lui de manière à être assez proche voire même très proche de son oreille.

-Quel dommage que moi je ne sois pas en appétit du tout, vous n'avez pas idée à quel point vous auriez pu aimer...

Elle recula un petit sourire en coin, elle aussi. Elle était définitivement bien contente d'avoir pu mettre ce PV : la fin de journée avait été bien plus amusante que les trois derniers jours dans leur intégralité ! Elle attrapa la feuille, lui donna la partie qu'il devait présenter en venant payer l'amende et après avoir repoussé le couteau suisse vers lui elle gagna la porte. Ses cheveux qu'elle avait détachés après la douche dansaient sur ses épaules.

-Oui, vous pouvez partir M Rider.

Elle franchit le seuil sans un mot de plus, son PC l'attendait avec un rapport à taper qui lui prendrait la demi-heure de boulot qui lui restait. Plus de procès-verbaux à mettre ! Libération pour Maÿlis qui allait retrouver ce qui était vraiment son boulot !