La journée avait si bien commencée [PV: DAVID STORM - Terminé]

Le lieutenant Storm s'était trouvé au mauvais endroit au mauvais moment c'était le cas de le dire et maintenant il avait sur les bras un dossier des plus compliqués. Mais pour comprendre à quel point il a été malchanceux, il faut revenir à son début de journée et voir qu'est ce qui l'a amené à être en cet endroit. Il planchait depuis le début de la semaine sur une affaire de vol à mains armés où le gérant de la boutique avait été blessé. Et c'est en cette belle matinée qu'il avait chopé le coupable et qu'il avait rempli la paperasse nécessaire pour boucler l'affaire. La veille l'interrogatoire c'était fini par des aveux et le voilà, après une bonne nuit de sommeil et une heure passée à finir d'écrire quelques éléments dans le dossier, qui gagnait le bureau où ils devaient porter les dossiers en attendant que le jugement ait lieu au tribunal. Et c'est là qu'intervint le malheur. Il ressortait du bureau au moment même où son supérieur sortait du sien. Devinant qu'il n'avait plus rien de concret à se mettre sous la dent, il lui refila le dossier sur lequel 'un collègue de l'enquêteur avait planché mais sans succès. Il s'y était même enlisé, avait piétiné et n'avait aucune piste. Et désormais David se maudissait de ne pas avoir gratté plus vite et de ne pas être allé déposer son dossier un chouilla plus tôt.

Le dossier était assez compliqué. Il s'agissait d'une succession de meurtres d'hommes, et uniquement. Le lien qui les unissait ? Une femme, Sasha Keynes, qui avait eu une liaison avec eux le temps d'un soir, dans le cadre de l'entreprise qu'elle avait fondé. Et comme dans son métier, il n'y avait pas de coïncidence, surtout concernant les tueurs en séries, tous ceux qui avaient planché sur l'affaire étaient sur qu'elle y était pour quelque chose ou alors que le tueur avait un lien avec elle, qu'elle soit complice ou non. Seulement l'enquête était compliquée car il n'y avait aucune preuve. Les hommes étaient retrouvés dépouillés, et il n'y avait plus grand chose sur eux à part les marques dues à leur mort. Enfin ça c'était plus le domaine des CSI à la scientifique, de Mac et son équipe.

Alors qu'il consultait le dossier après la découverte d'un nouveau cadavre dans Central Park, lui aussi dépouillé d'ailleurs ce qui montrait bien, avant même l'autopsie que c'était le même mode opératoire, un officier vint lui annoncer qu'ils avaient fait venir cette fameuse Sasha Keynes. La jeune femme attendait dans une salle d'interrogatoire. David le remercia et se leva. Il attrapa ses papiers et gagna la pièce. Il resta quelques instants derrière la glace sans tain à l'observer. Elle avait de longs cheveux chatains foncés, un visage plutôt joli et sans défaut apparent. Après le maquillage pouvait faire des miracles. Elle portait une robe rouge qui ne l'étonna pas puisqu'il avait bien en tête ce que disait le rapport sur elle et ce qu'était son entreprise... Sachant qu'elle même y bossait. Il la détailla du regard : la suspecte avait l'air de vraiment s'ennuyer sur cette chaise à bouger sur le siège comme si elle ignorait la raison de sa venue ici. Il se passa la main dans les cheveux plus pour se recoiffer, si coiffé il était, avant d'entrer dans la salle, laissant la porte claquer derrière lui.

Un policier se tenait dans un coin de la salle puisqu'il n'avait pas le droit d'être seul avec la suspecte. Il posa le dossier, fermé sur la table et s'assit en face d'elle, sans que ses yeux ne quittent les siens.

"Alors Mme Keynes, se lança-t-il, vous êtes venue nous expliquer pourquoi l'un de vos clients est encore mort ? Et devinez quoi ? C'est celui avec qui vous aviez rendez vous..."

Ce qui faisait d'elle la dernière personne à l'avoir vu vivant. Et pour le rendez-vous, il avait suffi d'un coup de fil auprès de sa secrétaire pour savoir quel était l'emploi du temps de sa patronne de toute la semaine. Il la regardait droit dans les yeux, les mains croisées et les bras posés sur la table, bien décidé à la faire parler et à faire avancer cette sale enquête.

Ca faisait maintenant plus de dix minutes que Sasha attendait, inconfortablement assise sur cette foutue chaise en plastique. Et il fallait avouer, que le fait de devoir croiser et décroiser les jambes, pour trouver une position confortable. Alors il est vrai qu'une robe courte comme celle ci n'était pas forcément la meilleure solution pour une telle situation, mais il y avait un avantage. En effet, cette maudite robe la faisait se mouvoir beaucoup, et donc n'importe qui aurait peu croire qu'elle était soit, inquiète, stressé, ou mal à l'aise ne sachant pas pourquoi elle était là. Ce qui n'était absolument pas le cas. Enfin bref …

Nous allons vous avouer qu'à un moment la jeune femme croyait vraiment que quelqu'un se fichait d'elle, mais bien vite un flic entra la pièce, laissant claquer la porte derrière lui. Sasha s'immobilisa alors dès l'entrée du dit flic dans la pièce. Et elle alors qu'il s'asseyait, tout en la regardant dans les yeux, un petit rictus méprisant apparut sur les lèvres de Sasha. Pourquoi faisait-elle ça ? Et bien elle jouer son rôle, de garce manipulatrice, ou de se que vous voulez, c'était toujours mieux que restait soi même, c'est à dire totalement froide et impassible. Enfin, passons… Le dit flic, qui franchement n'avait pas l'allure d'un flic prit la parole. Et pour une fois elle fût "surprise" - c'est un bien grand mot - car il n'avait pas commencé par les éternels exposition de son grade suivie de son nom, ou d'un bonjour, ou de rien du tout … Il était rentré dans le sujet direct, et Sasha aimait bien ça. Mais bon ce n'est pas pour autant qu'elle allait se montrer sympa,

"Et vous êtes ici pour me poser des questions c'est bien ça ?"

Pourquoi dire ça ? Tout simplement pour rien, pour agacer. Quoi ? N'avait-elle pas le trop de jouer à la con de temps en temps. Enfin, passons ce genre de plaisanterie d'un goût plutôt mauvais, et pas vraiment drôle.

"Peut être que sa femme où sa copine était jalouse ? Après peut être qu'ils ne peuvent pas supporter la qualité du service et que leurs cœur lâchent." Répondit-elle, dans un premier, adoptant un air supérieur.

En l'entendant dire que c'était justement celui avec qui elle avait rendez vous , que Sasha se dit qu'elle devait trouver un moyen, pour éviter ce genre de désagrément, à l'avenir. Oui, elle n'aurait qu'à embaucher une nouvelle, ou alors inventer une employée qui lui servirait juste quand elle voudrait s'amuser vraiment. Non c'était un brin trop "suspect". Ou alors elle pourrait employer Casper le fantôme… Non, mais qu'est ce que je raconte là ! Assez voulez vous …

"Si vous voulez tout savoir je crois que je vais devoir embaucher des agents de sécurité. Car je sais pas si vous remarquez mais c'est mon gagne pain qui passe, petit à petit, l'arme à gauche. Donc j'aimerais bien que vous fassiez votre job d'enquêteur. Car à ce train là j'aurais plus qu'à fermer la porte".

Sur ce la jeune femme continuant de le fixer, se demandant quand il serait "déstabilisé" par les yeux si différents de la belle brune. Car, beaucoup étaient gêné, par les yeux vairons de Sasha. En attendant la jolie brune venant se pencher un peu en avant, appuyant ses coudes sur la table froide, pour finir par poser sa tête sur ses douces mains. Bref …

"Mais après si c'est parce que vous ne pouvez pas vous passer de moi, vous pouvez prendre rendez vous … " Et tout en lui faisant un clin d’œil elle dit " … je vous ferrez un fleur."

David haussa un sourcil à sa question. Oui il était là pour poser les questions, c'était son boulot de flic après tout non ? Et elle était là pour y répondre. Pas pour en poser d'autres. Voilà d'ailleurs qu'elle imaginait que celui-ci avait été tué par sa femme, par jalousie. C'est sûr que ça aurait pu être une piste à envisager. Et comme ça elle pensait, ou faisait semblant de penser si elle était coupable de quoique ce soit, que c'était tout simplement une crise cardiaque à cause de trop de plaisir hein ? Tiens est ce que ce serait vu comme homicide involontaire tiens d'ailleurs ? Si à cause de ce qu'ils avaient fait tous les deux il avait fait un arrêt ? Sans doute que non car ce serait impossible à prouver. Enfin ce n'était pas

-Seulement, pour cela il faudrait que la victime ne soit pas veuf et ce depuis environ un mois. Et vu qu'il porte encore son alliance, il serait fort étonnant qu'il ait une petite amie.

Il se cala au fond de son siège ne relevant même pas que s'il s'agissait d'une crise cardiaque il ne serait pas là à perdre son temps avec elle. Il avait des tas de choses à faire et pas besoin de se rajouter une affaire en plus sur le dos. Il ne répondit rien la laissant comme réfléchir à voix haute sur son histoire d'agent de sécurité. C'était comme si elle faisait ça pour se donner de la crédibilité, pour faire vraiment comme si elle n'y était pour rien mais il avait du mal à croire que ça ne pouvait être qu'une coïncidence.

-Je n'ai pas besoin de vos services, ça ira. A quelle heure avez-vous quitté la victime ? Comment s'est passé votre rendez-vous ?

Il avait ouvert son calepin. Comme s'il avait une tête à aller voir des call girls.... Non mais je vous jure, y en a qui ont de ces idées parfois ! Il était en couple et y était très heureux, pourquoi aller voir ailleurs ? D'autant plus que Maÿlis était super bien foutue, il n'avait pas à se plaindre c'était sûr ! Il devait donc maintenant passer outre, s'il se laissait perturber il y aurait une faille pour elle, et c'était hors de question qu'il laisse passer la moindre chose. Il comptait boucler cette affaire si possible, LA boucler elle si elle était coupable. Et c'était pas ce début d'interrogatoire qui lui prouvait que la suspiscion envers cette jeune femme était une erreur.

-Faudrait-il déjà que je manque quelque chose.

Voilà, David venait de lui répondre du tac au tac. La répartie c'était pas ce qui lui manquait surtout face à des criminels qui l'attaquaient par des invectives liées à sa vie privée. Et si elle voulait se le mettre complètement à dos qu'elle continue à le piquer comme elle venait de le faire sur sa capacité à faire son job et elle allait morfler car il allait lui montrer qu'il était "fut fut" bien au contraire et quelque soit son implication dans toute cette histoire il allait la prouver. Il trouverait un moyen et était prêt à remuer ciel et terre pour ça. Il avait noté l'heure de son départ : il vérifierait ensuite avec les caméras de surveillance et l'heure du décès pour savoir si tout allait dans son sens.

-Je pense qu'une femme de votre allure en est tout à fait capable de ce crime, d'autant plus qu'après avoir fait l'amour a une femme un homme et pas forcément au plus clair dans sa tête et au top physiquement.

Ben oui c'était bien connu que c'était un sport, donc ça devait être fatigant logique. Et en général ça l'était plus pour l'homme que ça l'était vu que la femme le recevait. Fin bref, il avait parlé de tout cela, sans sourciller ni même tiquer. Très pro quoi.

-Où avait lieu votre rendez-vous ? J'imagine que vous n'avez pas fait votre travail en plein Central Park.

Remarque si c'était le cas, il aurait pu l'arrêter pour atteinte à la pudeur sur la voie publique. Mais de toute manière il avait encore une excellente carte en main mais il attendait le moment stratégique pour l'abattre. Il faisait pour l'instant mine que cet entretien se passait comme les autres et que rien ne pourrait aboutir. Mais il avait un atout que n'avaient pas eu ses collègues qui l'avaient précédé sur l'enquête. Il souriait d'avance en pensant à la tête qu'elle ferait quand il lui annoncerait. Elle allait un peu déchanter.

David la dévisageait. Elle aussi avait un petit sourire aux lèvres, semblant ne s'inquiéter de rien, comme si tout était prévu, que quoiqu'il dise elle y ait pensé pour dissimuler les preuves. Car oui le lieutenant Storm était persuadé de sa culpabilité, ça ne pouvait pas être une coïncidence. Et puis cette femme, semblait sure d'elle, tellement sure d'elle que ça en paraissait suspect. Et puis pour lui, elle avait le physique d'une potentielle tueuse. Elle avait certes être mince et pas très imposante, mais capable d'étrangler un homme à mains nues alors qu'il est dans la phase repos du guerrier ? Oui ! D'autant plus qu'un homme venant de se taper une call girl ne pensait pas spécialement se faire étrangler après être passé à l'acte...

-Je vous en crois tout à fait capable oui.... Mais la science va nous en dire plus très vite....

Quant au motif, c'était en cours de réflexion dans sa tête, il avait plusieurs idées mais pour l'instant il n'avait rien de concret qui soutienne l'une de ses théories et c'est pas cette Mlle Keynes qui allait confirmer l'une de ses théories, ce serait d'une certaine manière avouer son crime et f aire une confession. Ce n'était pas trop dans son intérêt non ?

Enfin bref, son sourire en coin il sortit une feuille du dossier qu'il avait sur la table, pliée en trois, format enveloppe. Il la déplia et la poussa vers la jeune femme dans son sens de lecture. Lui savait parfaitement ce que le papier était donc pas besoin de le lire. Comme c'était la troisième victime de suite à mourir juste avant un rapport avec un homme, il avait cette fois eu une commission rogatoire de la part du juge. Il pouvait maintenant chercher toutes les preuves qu'il voulait. Et il avait une idée bien précise de ce qu'il voulait vérifier en premier lieu.

-Vous pouvez appeler votre avocat si vous voulez mais il ne pourra rien faire pour vous empêcher de vous soumettre à ce que l'on vous demandera de faire.

Quand un suspect était suffisant comme ça c'était toujours un petit instant de victoire agréable pour l'enquêteur...

Fallait croire que définitivement, David avait bel et bien toutes les longueurs d'avance dans cette histoire. Non il ne voulait pas de preuves de leur rapport, ce n'était plus à prouver d'ailleurs, et pis elle le disait elle-même. Non, lui c'était des preuves de sa culpabilité dans l'affaire qu'il cherchait et il comptait bien les trouver. Il attrapa le matériel qu'il avait été récupéré à la scientifique avant le début de l'interrogatoire. Et oui, dès le moment où il était entré dans la pièce il savait dans quelle direction il comptait aller avec elle, il savait qu'il avait le juge de son côté et savait ce qu'il voulait comme preuve. Il ouvrit la boîte et sortit le nécessaire pour qu'elle puisse faire de jolies empreintes de ses mains, serrant une reconstitution des cous de chaque victime. Si ça correspondait, elle ne pourrait plus nier que c'était elle qui les avait étrangler.

-Je vais vous demander de serrer tour à tour ces trois objets, comme si vouliez l'étrangler. Comme ceci...

Il avait attrapé un quatrième cylindre qui ne correspondait à rien, il s'agissait d'un modèle qui n'avait les dimensions d'aucune des victimes mais qui allait pouvoir servir pour l'exemple. Elle ne pourrait pas dire qu'elle ne savait pas comment s'y prendre. Toute façon y avait un témoin dans la pièce en la personne du vigile qui pourrait confirmer qu'il lui avait bien montré et que ce n'était pas une volonté délibérée de sa part de ne pas coopérer.

-Si vous n'y êtes pour rien, vous ne devriez pas craindre de le faire.

Mais de toute façon, avec la commission rogatoire, elle n'avait pas trop le choix. Une fois qu'elle aurait fini il pourrait envoyer ça à l'un des scientifiques qui travaillait sur l'affaire et les résultats, qui devraient arriver assez rapidement vu que le gars avec qui il bossait n'avait rien d'autre à faire. Tant mieux parce que David détestait attendre, il n'était pas vraiment d'un naturel patient....

David la regarda faire en silence. Ils allaient enfin avoir de quoi la coincer. Une fois terminé il se leva, afin de récupérer les trois cylindres qu'il pourrait porter à la scientifique afin qu'ils comparent les empreintes laissées sur ces cylindres avec les marques présentes sur le cou des victimes en espérant qu'elles soient utilisables. Comme David, était arrivé en cours de route sur l'enquête, il n'avait pas vu les corps directement.

-Très.

Elle voulait faire dans l'ironie ? Elle allait être servie. Comme s'il était du genre à se laisser faire. C'était pas un bleu et encore moins quelqu'un de facilement influençable ou qui était facilement impressionné. Elle allait voir ce qu'il allait voir. Il allait réussir à prouver qu'elle était coupable quelque soit le temps que ça lui prendrait. Foi de Storm ! Une fois les trucs récupérés, il ouvrit la porte et appela le gars de la scientifique qui attendait dans la pièce d'à côté. Les preuves allaient comme ça être traitées immédiatement et il aurait les résultats au plus tôt !

Il haussa un sourcil lorsqu'elle parla de son avocat qui voulait son matricule. Pourquoi faire ?! On ne lui avait jamais demandé, même les avocats les plus coriaces. Il se rappelait notamment d'une accusée qui était arrivée avec son armada d'avocats : 4 étaient à ses côtés pendant l'interrogatoire. Quel gâchis d'argent ! Et quelle caricature ! Fin bref, revenons en à cet interrogatoire là. David s'était rassit mais sans se caler dans son siège cette fois, toute son attention étant portée sur Sasha. Il sortit de sa poche une petite carte. Sur le bout de carton blanc était seulement indiqué son nom, grade, le commissariat auquel il était rattaché et le numéro auquel on pouvait le joindre sur son fixe au poste et sur son cellulaire de boulot.

-Voici tout ce que vos avocats ont à savoir, fit-il en tendant la carte de visite.

Il l'observait attentivement essayant de décrypter ses intentions de sa réaction.